Par Caroline Sévigny, agr. Conseillère secteur Grandes cultures
À chaque année, selon la saison, des taches apparaissent sur les feuilles et les tiges de vos plants de maïs. De plus, il est possible que vous observiez des pourritures sur vos épis plus tard en saison. Quelles sont ces maladies? Qu’ont-elles comme impacts sur votre maïs? Comment bien les contrôler? Un récent inventaire des maladies aériennes du maïs au Québec ainsi qu’un projet visant à évaluer l’impact d’une application de fongicide dans la culture du maïs-ensilage nous permettront de répondre à ces questions et serviront de référence tout au long de cet article.
Maladies foliaires
Au Québec, trois maladies foliaires se démarquent en fonction de leur incidence : l’anthracnose, le dessèchement et la rouille commune. Les résultats issus de l’inventaire nous démontrent que le pourcentage de recouvrement foliaire causé par ces trois maladies est très faible et ce, pour un dépistage réalisé tout juste avant la récolte. Qu’est-ce que cela nous indique? Les maladies foliaires dans la culture du maïs au Québec arrivent très tard en saison et par conséquent, impactent peu le rendement. Aux États-Unis, le seuil d’intervention pour une application de fongicides est fixé à 15 % de surface foliaire atteinte, et ce, pour dépistage réalisé au stage VT (fin juillet). Les maladies foliaires ne constituent donc pas une réelle préoccupation sous notre climat.
Maladies de tiges
Les principales maladies de tiges au Québec sont l’anthracnose (aucune toxine), la fusariose de la tige (toxines DON, zéaralénone et T2-HT2) et la pourriture fusarienne de la tige (toxines fumonisines). Il est très difficile d’établir un degré d’incidence pour ces maladies de tiges étant donné que celles-ci se manifestent par la présence de taches d’aspect semblable.
Ces maladies peuvent affecter le rendement des plants en affaiblissant le système racinaire et la tige. De plus, les fusariums produisent des toxines, ce qui peut être très préoccupant pour les champs destinés à l’ensilage. Un plant de maïs peut donc avoir des toxines dans la tige ainsi que dans les épis. Le choix d’appliquer un fongicide demeure plus ou moins justifié pour les maladies de tiges puisque celles-ci arrivent tard en saison et se développent dans le bas des plants.
Maladies des épis
Les quatre champignons responsables des moisissures d’épis sont Cladosporium spp. (moisissure noire sans toxine), la fusariose de l’épis (toxine DON et zéaralénone) et la fusariose de l’épi et du grain (fumonisines). Ces moisissures colonisent les grains, affectent le rendement et peuvent développer des toxines. Dépassé un certain seuil dans l’alimentation des bovins laitiers, ces toxines peuvent causer des problèmes de santé et affecter leur production de lait. La pulvérisation d’un fongicide pour contrôler ces toxines peut être envisagée. Cependant, plusieurs facteurs sont à considérer afin que la pulvérisation soit efficace. Un hybride très haut et feuillu ne risque pas de permettre une excellente couverture! L’installation de papiers hydrosensibles, réalisée tout juste avant l’arrosage, à la sortie des soies, a permis de constater que la qualité de pulvérisation varie grandement en fonction des hybrides.
En conclusion
Afin d’avoir le moins de maladies foliaires et de tiges dans votre maïs :
- Optez pour un cultivar résistant
- Gérez le mieux possible l’eau de vos champs. L’humidité favorise la propagation des champignons!
- Privilégiez la rotation des cultures (surtout en semis-direct)
- Enfouissez vos résidus de cultures sur un retour de plantes hôtes sensibles aux fusariums
Si vous songez à utiliser les fongicides pour contrôler les toxines :
- Évaluez l’aspect de votre maïs. Un maïs haut et feuillu ne permettra pas une bonne pénétration et couverture des soies;
- Évaluez la densité de votre semis. Un taux de semis élevé réduit considérablement la pénétration du fongicide;
- Considérez les conditions météorologiques précédant la sortie des soies. Un temps sec ne stimule pas le développement des champignons!
- Respectez les conditions d’application inscrites sur l’étiquette (pression et volume d’eau/hectare)
Un dépistage de vos champs de maïs, surtout dans le cas du maïs-ensilage, est une excellente façon de vous outiller pour mieux gérer les maladies. Certains hybrides sont plus sensibles que d’autres et certains possèdent une excellente résistance. En marchant vos champs, nous sommes capables de vous dresser un portrait de l’état de la situation. N’hésitez pas à faire appel à nos services!